Camées

2018/2021
faïence moulage & modelage
diamètres 33 cm ou 44 cm

La survivance du corps

« On ignore ce que peut le corps », L’Ethique, Spinoza

Blancs, mats et circulaires, les Camées sont des bas-reliefs en céramique dévoilant, parmi de petites excroissances filandreuses, des fragments de corps anonymes et éclatés. Il y a quelque chose de plaisant et douloureux à regarder ces corps suspendus entre apparition et disparition. La masse organique lutte avec la prolifération des filaments. Alors, le désir de fiction est là. On pense aux Métamorphoses d’Ovide, à la mythique Daphné devenant laurier pour échapper à l’empressement d’Apollon. On pense au blason chantant un fragment de l’être aimé. On pense à la psychanalyse, à la capacité de la sensation de faire émerger la conscience en un point spécifique du corps, à l’hystérie qui paralyse la main, l’oreille ou la jambe. Les Camées sont porteurs de sensualité. L’artiste a choisi de travailler la faïence avec l’exigence qui lui incombe. Tout pourrait casser à tout instant, il faut faire sécher, ouvrir et refermer, l’opération est délicate, le corps en terre fragile, la moindre erreur et c’est la perte. Toutes les combinaisons sont à envisager pour atteindre le point vulnérable où le fragment de corps sera là. Comme les médaillons d’autrefois, les Camées suspendent le temps. La main sculpte la terre, décélère, cherche, tâtonne, une sculpture s’ajoutant à une autre, la suivante naissant toujours de la précédente, comme un passage qui s’ouvre vers l’inconnu, du souvenir à l’aventure.
Florence Andoka

vue de l'exposition Camées, association bourguignonne culturelle, Dijon, 2019
Vue de l'exposition Chimère(s), Château de Bussy-Rabutin, 2019