J’aimerais à l’occasion de cette résidence développer mes recherches, autour de la thématique du vivant, que j’explore déjà dans ma pratique du travail de la terre. En effet, nombre de mes sculptures renvoient à des formes organiques, végétales, animales.
J’ai l’intention de me saisir d’une nouvelle matière première, des plus commune, des plus quotidienne : le blé, et plus globalement le cycle semences / blé / farine / pain.
Le blé tient un rôle essentiel dans l ‘évolution de l’homme et dans l’évolution du vivant.
Il est porteur d’histoires, de mythes et reflète l’ambivalence des rapports nature / culture. Je raconterai peut-être la naissance, le mystère du vivant, la germination et la levée d’une semence ; la découverte de l’alcool par l’homo sapiens en mastiquant des grains de céréales fermentés ; les gestes paysans et leur transmission immémoriale ; les rituels avant de jeter le premier grain en terre ; les sacrifices à Cérès, la déesse gallo- romaine des moissons ; les tresses des femmes Quilombola abritant des semences afin de les abriter pendant leur fuite ; le témoignage de Maéva, paysanne-boulangère…
Le passé des serres horticoles trouvera écho dans les formes que je ferai jaillir du sol, des murs et du plafond, rappelant ainsi la prolifération d’autrefois.
Aussi ma pratique se construit toujours en rapport avec un lieu, et très souvent avec le milieu rural. Pour cette résidence, je quitterai parfois la solitude de l’atelier pour nourrir mon travail des rencontres avec les paysans, les paysages et les végétaux des bocages.