Fragments de pluie
Ici, l’eau est révélée en creux, par son absence, sa disparition.
Fragments de pluie, installation en céramique blanche, évoque un paysage lunaire, désertique, que l’eau a quitté. Une terre craquelée, fragmentée par la sécheresse est empreinte d’impacts de gouttes de pluie fossilisés.
Un espace temps au sein duquel l’eau n’est plus tangible que dans notre mémoire et dans celle de la matière argileuse. Fragments de pluie tend à souligner l’essentialité de l’eau douce, fondamentale à toutes formes de vies, ici inexistantes.
Depuis quelques années, mes projets questionnent la matière vivante qui nous entoure, celle qui nous nourrie et nous abreuve. Pour alimenter le sens, faire naître la matière et la forme de mes œuvres, je vais à la rencontre de personnes intimement concernées par ces questions : agriculteurs, artisans, scientifiques… En collaboration, nous tentons de sensibiliser à la fragilité du vivant avec nos différents outils rendus plus efficients grâce à nos échanges.
Je me suis ainsi immergée au sein du laboratoire Biogéosciences à l’Université Bourgogne, à la rencontre des cher- cheurs et de leurs sujets d’explorations. Ce laboratoire étudie les mécanismes des changements globaux, climatiques et anthropiques, et leurs impacts. Ici, Emmanuel Fara, paléonthologue, m’a fait découvrir sa collection de fossiles contemporains, ou, « instantanés géologiques » déposés pêle-mêle dans les rangés de tiroirs de son bureau et m’en a transmis les histoires. Parmi eux, ce fossile qui m’a tant ému, les empreintes d’une courte pluie, temps fugace enregistré dans l’argile pour l’éternité.
CAPTURER LA PLUIE _ Protocole de fabrication
Pour obtenir les empreintes, il me faut attendre la pluie.
La dépendance de l’eau se fait ainsi sentir jusque dans mon protocole de travail.
Il s’agit de capturer sur une surface de barbotine (argile extraite dans le sol de mon terrain), les empreintes d’une pluie. Chaque goutte en tombant sur la surface molle argileuse, laisse sa trace d’impact. Mimant le geste du paléonthologue, je réalise ensuite les relevés de ces empreintes en créant des moulages en plâtre sur les surfaces impactées. Enfin, chaque fragment de pluie est obtenu par coulage d’une barbotine de faïence sur les moules en plâtre précédemment fabriqués. Les fragments sont ensuite séchés et cuits une unique fois à basse température.
Projet soutenu par l’Université Bourgogne Europe, la Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne Franche-Comté, la région Bourgogne Franche-Comté, la ville de Dijon, le Centre National de la recherche Scientifique, le Laboratoire Biogéosciences
Mise en lumière jean-jacques ignart
©Pauline Rosen Cros
Fonds de soutien ADAGP à la prise de vue photographique d’œuvres d’art
Ce projet a bénéficié d’une aide individuelle à la création de la Drac Bourgogne-Franche-Comté et d’un soutien à la création en art contemporain de la région Bourgogne-Franche-Comté.













